Sport sans ordonnance


Les bienfaits du sport (ou de l’exercice régulier) sur la santé ne sont plus à démontrer. Des pathologies peuvent être atténuées ou retardées tel le diabète type 2 ou encore l’hypertension artérielle. Souvenir d’un ami proche qui avec trois médicaments ne parvenait pas à faire baisser sa tension et qui, sur suggestion du cardiologue avait enfourché quotidiennement un modeste Bitwin pour faire quelques écluses le long du canal et avait vu son traitement devenir efficace. Même le risque de cancer se voit affecté par la pratique sportive : il ne disparaît certes pas mais le risque diminue de 20 %. Parlons aussi de la lombalgie dont de nombreux cyclistes savent qu’elle guérit sur le vélo alors qu’autrefois on croyait la soigner par le repos !

Le frein à l’activité physique chez la plupart des lombalgiques (ceux qui n’ont pas eu la chance de tester l’effet bénéfique du vélo) est tenace. Avec la double casquette de cycliste et de randonneur pédestre, l’auteur de ces lignes a tenté à plusieurs reprises de recruter des participants pour son club de rando. La lombalgie est un frein couramment évoqué. Il est vrai que la marche à pied met la colonne lombaire en lordose ce qui déclenche la douleur. On donne l’astuce de porter un sac à dos avec un chargement de 2 à 3 kilos, dont la boisson : le sac fait pencher le buste en avant ce qui supprime la lordose et la lombalgie avec. Mais la réponse de l’intéressé est « quand on a mal au reins il ne faut pas porter de poids » ! Excuse bien commode et sans fondement.

Ce qui nous amène au problème de la motivation. On le touche du doigt au Véloce lorsque la sortie commence par l’avenue de Léojac, le pont sur l’autoroute et la petite montée du Tigné. Petite montée mélotome (*) qui pourrait décourager plus d’un débutant ! Le caractère dissuasif de cette modeste côte (même pas 25 mètres de dénivelé) s’explique par la conjonction de muscles encore froids et la digestion inachevée. En bons vélociens, nous savons que les prochaines côtes seront bien plus faciles. Mais si nous nous mettons dans la peau d’un néophyte nous entrevoyons son découragement qui peut devenir définitif !

Quand on croise un ado en surpoids chevauchant une trottinette électrique, on se dit que c’est bien mal parti pour lui et que ses parents auraient été bien avisés de lui offrir plutôt un vélo. Et quand viendra la prise de conscience de son état, ou bien le premier ennui de santé, sera t’il encore possible d’instaurer une activité physique régulière ? Ou comment fabriquer de la motivation, vaste programme.

Au final, ne serions-nous pas, au Véloce comme au sein de nombreux groupes sportifs, une minorité de privilégiés ? Privilège de la motivation, du goût de l’effort, du bien être ressenti, de l’ambiance de camaraderie ? Ou privilège d’avoir un cerveau qui sécrète des endorphines pendant l’effort ? Endorphines ou pas, remercions la nature de nous avoir donné cette sorte de jouissance pendant et après l’effort.

(*) coupe pattes                                             Laurent Socquet