Suite à ses diverses et nombreuses recherches , récit élaboré  par Serge POUZOL

A nos morts (1)  :

Publié dans Roue Libre, n°483, novembre-décembre 2022

On ne les entend pas, on ne les remarque plus. Ils sont dix. Ils sont là à toutes nos réunions. En deux rangées comme peut-être sur les routes lors de leurs sorties ou sur piste lors de leurs entraînements ; ils sont toujours dans le même ordre : Georges et Etienne, Ernest et Victor, Jules et Elie, Léonce et Fernand, Marcel et Georges.
Depuis que je fréquente les locaux du club, ils m’ont intrigué. Lors des discussions et des débats qui se prolongent durant les réunions du Comité Directeur, mon attention parfois s’échappe et divague, mon regard se tourne vers eux et je m’étais promis de chercher à savoir qui ils étaient.

Ils sont jeunes, entre 19 et 25 ans pour la moitié d’entre eux, de 27 à 31 ans pour les autres ; c’est l’âge de la plupart des membres de ce club sportif associant compétition et sorties. Les premiers sont encore étudiants, les plus âgés déjà installés professionnellement : un employé de commerce qui a quitté Montauban pour s’installer à Marseille, un quincaillier venu de Finhan, un confiseur, un tapissier décorateur, un tailleur, un menuisier. Ils ont tous la même passion, le cyclisme, qui les a conduit à adhérer au Véloce Club Montalbanais, une association créée bien avant même la naissance de chacun d’eux. Il faut dire que « la vélocipédie fait dans notre ville de rapides progrès. Depuis l’ouverture de la saison, le nombre de cyclistes a presque doublé et ce mouvement paraît aller en s’accentuant à l’approche des beaux jours.

Les dames, elles-mêmes, deviennent fanatiques du vélo. Nous citerons au premier rang, la toute charmante Mme Yvonne R…, qui a donné l’élan et qui, dans un costume du dernier chic, fait à son passage l’admiration de tous nos gentlemen. »[1]

Pour cette occasion le VCM a édité  un livret "140 ans: l'histoire du VCM".

Les textes, documents et photos ont été rassemblés par Daniel Randard, président du Véloce Club Montalbanais de 2000 à 2009.

Avec la collaboration de Dominique Forestié, Marc Landreaud et Christian Roux.

Voir l'histoire du VCM

De taille moyenne avec ses 1,67m, le visage ovale sous une chevelure châtain foncé, un nez fort et un menton à
fossette, Joël Séguela, cultivateur au Fau, a 19 ans lorsqu’il adhère au Véloce Club Montalbanais. Sa candidature
parrainée par deux membres a été affichée huit jours dans les locaux du club et, n’ayant pas soulevée
d’objection, il est admis au Véloce à l’unanimité des participants le 10 novembre 1906. Une fois réglée sa
cotisation, il peut dès lors participer aux activités du club et fréquenter le vélodrome du cours Foucault. « La
piste est réservée à l’entraînement de 5h à 9h du soir à l’exclusion des jours de course… Les membres du VCM
peuvent rouler sur la piste en dehors des heures d’entraînement et pendant carte vcm Sgulaces heures s’il n’y a pas de coureurs     
sur la piste. »1 A ce titre, il reçoit une carte d’accès et sans doute une clé.
C’est l’un de ces inconnus de l’Histoire qui surgissent à l’occasionde consultations dans les archives et qui viennent enrichir ou compléter nos connaissances sur nos sujets d’intérêt. De 1908 à 1910, il fait sonservice militaire au 59e RI à Foix etva être rappelé à l’activité par la Mobilisation Générale le 3 août 1914.
« Très bon soldat souvent volontaire pour des missions périlleuses, a faitpreuve de belles qualités de courage
et d’entrain le 11 mai 1915 en se portant à l’assaut des positions allemandes. » note la citation à l’ordre du régiment le 6 mai 1916 .
Blessé à la cuisse gauche par éclat d’obus le 11 mai 1915 à Notre Dame de Lorette, il a été retiré du front et évacué sur
l’intérieur sans doute à Montpellier. C’est là qu’une commission lui accorde le statut de réformé temporaire le 8 avril 1916
 « pour atrophie de la jambe gauche ». Il est renvoyé dans ses foyers le 10. Sa réforme sera reconduite
par toutes les commissions successives jusqu’à ce qu’il soit mis en congé illimité de démobilisation le 27 mai 1921 ».
A-t-il pu reprendre la pratique cycliste lui qui a «au membre inférieur gauche, une gêne légère de la
marche qui s’effectue sur le bord externe du pied légèrement dévié en dedans » avec « limitation à 90% de la flexion du pied
et amyotrophie au mollet ».A ce titre, il a été bénéficiaire d’une pension.
Est-ce pour cela  qu’il a changé d’activité professionnelle et est devenu loueur de voitures2 ?
Mais, pourquoi en faire une histoire, un article puisqu’ils ont été des millions à être mobilisés dont deux, trois
dizaines de membres du VCM ou plus ? C’est que les discussions récurrentes sur les maillots du club au sein du
Comité Directeur conduisent souvent à évoquer les « couleurs » historiques du Véloce inégalement appréciées
parmi les adhérents. Mais chacun sait ce qu’il en est « des goûts et des couleurs ».
Pendant longtemps, il n’y eut pas de maillot officiel et les plus anciens d’entre nous en ont une collection
complète. Les comptes-rendus de réunion du comité (1906-1950) déposées aux Archives départementales du
Tarn et Garonne nous donnent quelques traces et indications. D’abord celles d’un fanion. Ainsi, le 20 janvier
1923 « le comité se réunit pour étudier […] l’admission des Pupilles. Selon l’article 5 des statuts et sur les
désirs exprimés par la Commission de tourisme il est décidé de recruter à nouveau des Pupilles. Cette jeunesse
sera destinée à entretenir le noyau du VCM, à former de nouveaux membres qui plus tard continueront à faire
flotter sur les routes de la région le fanion du Club, à maintenir les traditions de gaieté et de cordialité entre les
membres, et en un mot à suivre la voie tracée par leurs prédécesseurs pour la prospérité de l’immortel VCM. ».
Le 5 mars 1927, « aux yeux ébahis des membres présents, M. le Président déploie le fanion du Véloce. Il adresse
ses remerciements au camarade Nogues à qui l’on doit ce magnifique présent (mauve et jaune) aux armes du
Véloce. » Réalisation sans doute offerte à l’occasion du cinquantenaire du club que l’on se préparait alors à fêter.
1 Article 3 du règlement intérieur du vélodrome adopté le 16 février 1906 (CR des réunions 1906 – 1950,
Archives départementales)
2 Toutes les citations sont tirées de son dossier du registre matricule (Arch Départ. du Tarn et Garonne)

C’est d’ailleurs à cette occasion là que Frédéric Cayrou3 écrivit et entonna une « Madelon du Véloce » dont je
n’ai pas encore retrouvé les paroles.
Enfin, l’AG du 8 mai 1941 indique que Monsieur le Président doit demander l’autorisation du port de l’insigne
et du fanion.
C’est bien plus tard, lors de la réunion générale du 27 novembre 1947, qu’« il est mis en question le port d’un
maillot uniforme au couleur (sic) du club. Ce projet est adopté. Il est demandé à M. Castelli ( ?), le distingué
peintre de faire un projet de blason pour ces maillots. »

 

carte vcm Sgula suite

Mais revenons à (Antoine) Joël Séguela : sa carte de membre pour l’année 1912, il y a 110 ans, signée au verso par le président de l’époque, L. Larroque –Ramey, porte bien déjà nos deux couleurs,mauve et jaune. 

 3 Frédéric Cayrou est né en 1879 à Castelsarrasin. Vétérinaire à Montauban, il devient membre du Véloce en
mars 1924 puis son secrétaire en 1925, vice-président en 1930 et président de 1934 à 1939 ou 1941. Il sera
sénateur du Tarn et Garonne de 1946 à 1958. Félibre, occitaniste il est auteur de poèmes, d’une quarantaine de
pièces de théâtre qu’il jouait avec sa troupe. Avec beaucoup d’humour, il relate en avril 1924 (en occitan)
comment « au péril de sa vie, le citoyen Bastit a arrêté un âne emballé dans le faubourg toulousain. »

Serge Pouzol  
(Août 2022) 

                                                                                                                                                                                                                                                                                           

Roue Libre se charge de retracer l'actualité du Club ; mais si vous voulez feuilleter celle du long passé de notre VCM, suivez le lien ci-dessous. Vous découvrirez l'ancêtre de notre bulletin : la revue "Montauban Veloce", créée en 1891 pour une fédération de clubs régionaux. Vous y trouverez outre nombre d'anecdotes sur la vie du club à l'époque et des récits de voyages, des détails sur le dernier Paris-Brest (p. 56) ou sur les 100 km Montauban-Toulouse A/R (p. 77 et 88), sur l'impôt vélo (p. 92), sur la nouvelle roue sans rayon (p. 156) ou sur comment rendre son pneu increvable (p. 262), etc.
Bonnes découvertes à tous, velocemen et velocewomen. ==> et c'est ICI

Ses couleurs: Mauve et  JAUNE.

  • Sa création : le 18 mars 1877 avec inscription au JO le 12/02/1907 et agrément Jeunesse & sport N° 82513 le 18/04/1966.
    Un montalbanais bien connu de tous les sportifs, Léon Saint Faust (né le 11 juillet 1851) a l’idée de créer une société de randonneurs à bicyclette. Le 27 mars il en fait la demande à la Préfecture de Tarn et Garonne, il joint les statuts et donne comme adresse du siège social, rue St Louis, salle de la Lyre Montalbanaise. Le 3 avril le Préfet autorise la société, puis le 9 avril le ministre de l'intérieur donne son accord aux 19 membres.  M. Léon Saint Faust se fait moquer de lui et son succès provisoire n'est que curiosité car la bicyclette n'est pas encore entrée dans les mœurs. Il demeurera Président du club pendant 15 ans jusqu'en 1892. Il y a donc 137 ans le Véloce naît pour la randonnée ... mais aussi pour la compétition.